Zombicide
Auteur(s) : N Raoult, J-B Lullien, R Guiton
Illustrateur(s) : M Coimbra, N Fructus, É Guiton, . Nouhaut, M Harlaut
Éditions : Guillotine Games
Genre : jeu de plateau
Mécanisme(s) : placement, affrontement, tactique, coopératif
Thème : Zombie
Année : 2012
À partir de 13 ans
1 à 6 joueurs
Durée de partie : 1 h. et plus.
Indicateur de prix : env. 80 euros.
Là, c’est mort !
Allez savoir pourquoi, il y a dû avoir un truc qui a déconné avec la météo ou les expériences de la NASA, à moins que ce soient les Russes. Le truc qu’est sûr, c’est que pour survivre aujourd’hui aux States il vaut mieux avoir maté du film d’horreur en boucle que potassé le guide des scouts ou le droit pénal. C’est bien simple, le monde se divise maintenant en deux catégories, il y a ceux qui sont armés et dangereux et… le rayon viande froide.
Vous avez aimé les films de zombies, ça tombe bien ils sont de retour, là, juste en bas. Descendre ? Oui, mais lequel ?
Zombicide : mécanismes de jeu
Zombicide c’est une boîte carrée, plutôt solide, avec dedans quelques kilos de papier, carton et plastique. Bien lancée elle doit même pouvoir ralentir un Walker. Walker ? Non rien à voir avec les Texas Ranger, encore que Chuck pourrait se rendre utile. Un Walker est un zombie, le modèle simple, qui marche lentement avec ce qui lui reste de jambes. Lent mais inexorable et surtout nombreux, très nombreux.
Le Walker c’est peanuts, facile à buter à la chaîne (de tronçonneuse évidemment). Mais il y a pire, le Fatty, tout aussi lent mais grand, gros costaud, pire à tous points de vue. Le Fatty est surtout coriace, certaines armes ne lui font tout simplement rien… parmi lesquelles les balles de pistolet ! Il faut du lourd, du brutal contre un Fatty.
Oui mais il y a pire encore, le Runner ! On peut discuter de savoir si oui ou non le Runner est pire. Il n’est pas costaud, ne résiste pas à grand-chose. Oui mais ce salopiot était un sportif avant de clamser. Donc il sait courir vite, il a des baskets, il est capable de surprendre et d’attaquer vite, alors que la lenteur des zombies est le principal atout des survivants !
I will survive ! Enfin, I will try !
Survivants, ouaip, c’est comme cela que se nomme le ramassis d’humanité qui vous sert d’équipe. Six personnages en quête d’artillerie. Dans la vraie vie on pourrait penser qu’il s’agit de paumés, de tarés. Mais quand la moindre ménagère croisée essaye de vous arracher un bras et dégage une odeur de rat crevé, qui se plaindra d’une équipe de branques certes, mais de branques vivants !
Inévitablement il y a un flic, un reste d’organisation et d’ordre et surtout un cadeau bonus qui vient avec le poulet : son arme de service ! Alter ego improbable du policeman, Josh est la racaille des bas quartiers, le jeune à capuche. Lui sait mieux que personne se faufiler, jouer les trompe-la-mort.
Dans toute situation difficile des hommes ordinaires se dressent et se révèlent. C’est le cas de Doug, obscur et minable agent administratif hier il a pris les armes parce qu’il le fallait, pour la liberté et la patrie. Amen.
Ned lui est dans son élément, c’est un survivaliste qui s’est depuis toujours préparé à la fin du monde. Le truc c’est que dans certains cas avoir raison c’est pas forcément cool !
Dans toute bonne histoire de fin du monde il y a la babe. Pas d’avion dans Zombicide donc pas d’hôtesse de l’air. Ce qui s’approche le plus du concept de blonde décervelée rampe déjà dans les rues en de multiples exemplaires. Mais il y a Wanda, la serveuse à l’uniforme trop court, spécialisée en patins à roulettes et tronçonneuse, chaud devant !
Babe ce n’est pas le vraiment le terme approprié pour Amy, peut-être on pourrait dire Gothic Angel ? No Future était déjà sa devise avant…
Vider des blocks
Paradoxalement c’est en ville que nos survivants tentent de survivre. La bonne idée pour récupérer à manger et de l’outillage, de toutes façons y’a plus personne. Le plateau de jeu de Zombicide est composé de grosses dalles cartonnées qui s’assemblent de diverses manières. Les villes américaines c’est simple, ce sont des blocs d’immeubles et des rues à angles droits. De grosses cases servent pour définir les mouvements. L’univers de jeu est donc divisé en rues et immeubles qui sont barricadés en début de partie.
Chacun des dix scenarii du jeu peut se jouer de un à six joueurs. Première chose très appréciable donc, il y a un mode solo, dans lequel le joueur aura la lourde tâche de coordonner quatre personnages. Avec plusieurs joueurs aussi il faut coordonner ses actions car il s’agit d’un jeu coopératif… même si parfois il faut savoir sacrifier les autres. Le principe est simple, d’abord les personnages agissent les uns après les autres, ensuite vient le tour des zombies.
Les pros de la découpe
Chacun des survivants a une petite fiche cartonnée sur laquelle il peut accumuler cinq objets. Au début le groupe se partage deux trois trucs utiles comme un pied de biche, une hache et un flingue, plus quelques casseroles. Les objets ont deux utilités principales : ouvrir les portes et défoncer du zomb’. Un pied de biche ou une hache peuvent faire les deux, c’est pratique et élégant, quoique.
Durant son tour de jeu un personnage peut effectuer trois actions. Mouvement d’une case, tir à distance sur un zombie, coup au contact, don de matos à un pote, du classique efficace. Il est aussi possible de quitter une case où se trouve des zombies, en dépensant une action de plus par zombie à éviter. Le truc amusant c’est que chaque survivant a un compteur de kills et que plus celui-ci se remplit plus les personnages gagnent des boni : actions en plus, capacités en plus.
Bon, les personnages ont avancé et ils ont ouvert une porte. Ne pas croire que fermer les portes sert à éviter les pillages, il s’agit plutôt d’empêcher les anciens habitants de sortir. Un système de cartes permet de révéler ce qui se trouve dans chaque bâtiment, dès qu’une porte est ouverte.
Le tour des zombies arrive et les morts se mettent en marche. Ils sont attirés par les survivants qu’ils voient et qu’ils entendent. Certaines actions aussi anodines que vider un chargeur ou enfoncer une porte à la hache ne manquent pas de les attirer. Ils se mettent donc en marche à leur rythme lent (Walker, Fatties) ou rapide (Runner). Tant qu’ils sont loin ce ne sont que des cibles. Mais quand ils sont au contact devinez qui devient la cible. Un zombie qui commence son activation au contact d’un survivant l’attaque directement. Pas de lancé de dé, pas d’échappatoire le survivant est croqué, blessé et doit lâcher un équipement. La seconde blessure est fatale.
Manif of the dead
S’il n’y avait des zombies que dans les immeubles, il serait simple de les éviter en les laissant tranquilles. Mais non, chaque scénario prévoit des points d’entrée. À chacun des tours des zombies une carte est tirée par point d’entrée et l’on sait ce qui arrive.
Là où cela devient bien marrant c’est que le compteur de kills des personnages est en fait une échelle graduée de la menace, divisée en couleurs. La couleur influe sur le nombre et la force de ce qui est activé, à la fois dans les nouveaux bâtiments et par les points d’entrée. Bien sûr la couleur considérée est celle du personnage qui a fait le plus de cartons. Un Gros Bill surpuissant peut vraiment être un boulet… au point que certains pourraient avoir des idées.
Au début ça n’a l’air de rien mais c’est comme la marée, les zombies déboulent de tous les côtés, lentement certes mais de plus en plus nombreux. La boîte de jeu comporte près de soixante-dix figurines (à peindre !) et ce n’est pas pour rien.
Chaque mission a un ou plusieurs objectifs particuliers, qu’il faudra essayer de remplir sans perdre de vue l’essentiel : rester vivant. Pour cela il faut nettoyer les immeubles et farfouiller dedans pour s’équiper. La panoplie du zombicideur est variée, aussi bien au corps-à-corps qu’à distance. Une certaine efficacité étant de rigueur il vaut mieux du costaud : fusil à pompe, batte de base-ball, pistolet-mitrailleur ou cocktail molotov peuvent remplacer efficacement la casserole du démarrage. Il y a aussi des voitures dans les rues. On peut y trouver des choses utiles et aussi les conduire, deux tonnes de métal forment un projectile tout à fait honorable.
Tactiques et coups foireux
Toute l’ambiance du jeu tient à cette angoisse de l’envahissement progressif. Il faut avancer vers son objectif tout en détruisant les menaces les plus dangereuses. Bien sûr il y aura des lancers de dés piteux au mauvais moment et des tirs inratables seront ratés. Globalement il faut éviter d’ouvrir les grands bâtiments trop tard après le démarrage car ils auront beaucoup plus d’occupants que si on le fait vers le début tant que la menace générale est faible.
Il faut donc se répartir les rôles car certains peuvent aller vite ou se faufiler et quelques objets seulement permettent d’ouvrir les portes. Par ailleurs, au début seule la hache peut vaincre les Fatties.
Trois joyeusetés viennent enfin corser les choses. Tout d’abord il y a un phénomène qui se produit quand les zombies peuvent emprunter deux chemins pour aller au même endroit : ils se répartissent en deux groupes et si besoin un nouveau zombie est ajouté pour faire une égalité. Sympa quand il s’agit d’un Fatty.
Ensuite certaines cartes d’activation zombie ne génèrent pas de nouveaux amis sur les points de spawn des bords de cartes, elles leurs permettent d’arriver beaucoup plus près par les bouches d’égouts. D’autres cartes ne génèrent pas de zombies, mais font agir à nouveau tous ceux d’une catégorie (Walker, Runner, Fatties)… et ça, ça pique, ou plutôt ça mord !
Enfin ,il existe un zombie différent des autres, son petit nom c’est « Abomination » !
L’avis de Globul
Zombicide vaut à peu près le double d’une boîte normale. Mais c’est quand même une bonne affaire car il réussit à la fois à installer une sacrée ambiance, à avoir un système de jeu logique et bien efficace qui laisse une bonne part aux initiatives personnelles.
La coopération est une obligation et la situation est très rapidement crispante, du coup il faut vraiment que chacun s’y mette, communique et s’implique dans le jeu. La rejouabilité est très bonne et côté peinture de figurines il y a aussi de quoi faire. Il est possible d’ajouter des personnages de survivants et il y a d’ores et déjà des extensions avec des chiens et une prison. L’ambiance de Walking dead, la présence de cette foule des zombies qui avance inexorablement est très bien rendue. Un futur classique.
Gobelin d’or 2013 de Globul