Si j’étais Président
Auteur(s) : Ludovic Maublanc (le blog)
Illustrateur (s) : Martin Vidberg (le blog)
Éditions : Cocktail Games
Genre : jeu de cartes
Mécanisme (s) : draft
Thème : Politique
Année : 2012
À partir de 10 ans
3 à 6 joueurs
Durée d’une partie : environ 20 min.
Indicateur de prix : NC
Viva El Presidente !
2012, la fin du Monde, l’arrivée des Aliens, le quatrième épisode caché de la célèbre trilogie… que nenni, le jeu qui fait sensation cette année s’appelle Élection présidentielle, du gros jeu, avec un seul gagnant. L’élu aura, au bout de la course, la gloire éternelle et la lourde tâche de diriger la France, il lui faudra donc s’entourer d’une équipe efficace.
Si j’étais président place les joueurs dans la position du président fraîchement élu qui doit constituer le casting de son gouvernement. Pour constituer un gouvernement populaire, il faut des gens connus, qui passent bien dans les médias : quoi de mieux que des peoples ! Vous avez toujours rêvé de placer Nelson Montfort au ministère des Sports ou Monica Bellucci à l’Éducation nationale ? C’est possible !
Si j’étais Président : mécanismes de jeu
Si j’étais Président reprend le format de Casse-toi pov’con, il s’agit d’une petite boîte en fer pleine de cartes carrées. Quelques cartes pour les règles et pour les six différents scénarii de jeu, quelques cartes constituant une échelle de score et une quarantaine de cartes de peoples ministrables.
En ces temps de rigueur chacun s’applique à créer des gouvernements économiques, il n’y a donc que six ministres à nommer : Culture, Affaires étrangères, Sports, Intérieur, Économie et Éducation nationale.
Le jeu est divisé en trois manches utilisant des petits scénarii pour varier les conditions politiques et le plaisir de jouer. Une seule manche peut suffire pour faire une partie très rapide, entre deux signatures de demandes de subventions par exemple.
Chaque joueur reçoit sept cartes, en garde une et passe le reste à son voisin. En procédant ainsi six fois, selon le mode dit du « draft », chacun aura constitué sa main, la dernière carte est défaussée.
Une équipe de winners
Les cartes de ministres présentent une personnalité connue, dessinée en patate par Martin Vidberg et désignée par son prénom. Le premier petit jeu est de deviner de qui il s’agit. La dimension comique est bien évidemment à bannir lorsqu’il s’agit de constituer un gouvernement, il faut se concentrer et regarder plus haut sur la carte. Une ou deux barres colorées indiquent à quel portefeuille peut prétendre le personnage. Pour Karl Lagerfeld ce sera le très chic ministère des Affaires Étrangères, c’est une évidence. Deux barres indiquent une personnalité ayant plusieurs cordes à son arc. Patrick Bruel, un grand nom dans le petit monde du jeu, peut à la fois faire valoir ses talents au ministère de la Culture ou à celui de l’Économie, avec plus ou moins de bonheur. Le ministère de l’Intérieur a besoin d’être totalement refait, aucun souci, nommez Valérie Damidot (note du Globul : excellent second degré!).
Riche, célèbre mais surtout populaire !
Une fois le gouvernement de chacun constitué il faut évaluer sa popularité. Le premier scénario pose les bases du système : il faut lister un à un les ministères et engranger les points de popularité de ceux qui ont été sélectionnés à ce poste. Chacun déplace son petit jeton sur l’échelle de popularité. Si un ministère est resté vacant le joueur retire un point. Au contraire il ajoute un point par femme nommée au gouvernement. Le joueur qui a constitué le gouvernement le plus populaire gagne la manche.
Cohabitation de rigueur
Les cinq scénarii suivants ajoutent des conditions particulières pour constituer son gouvernement. Le remaniement va lourdement sanctionner l’absence de femmes, de même que le scénario Parité qui vise a avoir trois femmes sur six postes… et impose de jouer en montrant les cartes sélectionnées, histoire de faire monter la tension.
L’exercice difficile de la Cohabitation va pousser à créer le pire gouvernement possible, macho, incompétent, stupide : l’erreur de casting devient un art consommé, de même que l’absence de ministre à un poste.
Autre exercice tortueux, la Rigueur se joue avec un gouvernement restreint à cinq ministres, une partie avec un draft écourté. Si l’on suit le scénario au plus près il faut éviter d’avoir des femmes au gouvernement et faire l’impasse sur le ministère de l’Éducation nationale (sic).
Tactiques et coups foireux
Point de grande stratégie dans Si j’étais président, constituer un gouvernement se fait à chaud, la tête dans le guidon, sans une once de recul. Avec peu de cartes le draft est rapide, voire un peu chaotique. Il n’est pas rare de devoir se décider alors que les deux joueurs voisins réclament, l’un pour donner ses cartes, l’autre pour en recevoir. Six ministères, six couleurs à trouver, cela semble facile, mais sous la pression il arrive fréquemment de se tromper. On oublie un ministère parce qu’on a attribué deux fois la même patate à double compétence, on se trompe sur la règle des ministres féminins parce que l’on est resté sur celle de la manche précédente qui avait un autre scénario, etc.
Du coup le jeu est très dynamique, il suppose que chacun aille vite, remplisse ses objectifs et refile aux autres les patates chaudes à éviter absolument comme Maïté au ministère des Sports ou Justin Bieber à l’Éducation nationale.
Il n’est pas facile de tenir ses objectifs personnels, du coup la réflexion sur ce que font les autres est limitée et le verdict final toujours incertain. Vu les mécanismes du jeu les adolescents peuvent se frotter aux adultes sans souci, connaître les personnages n’est pas indispensable… pire encore l’humour des cartes peut distraire de l’objectif !
Coup de Cannes
Le Gobelin, animal curieux à de nombreux égards, est allé faire un tour au festival des jeux de Cannes 2012. Il y a rencontré Ludovic Maublanc et Martin Vidberg qui ont gentiment répondu à une foule de questions, dont quelques unes sur la création de ce jeu. Vous pouvez écouter ce podcast là.
L’avis de Globul
Esthétiquement proche de Casse toi pov’ con ce nouveau jeu du duo Maublanc/Vidberg me paraît plus poussé et à la fois plus complexe. Moins lié à une seule élection il sera certainement moins vite daté.Le principe du jeu rapide où tout le monde s’agite dans une joyeuse pagaille est toujours aussi sympa. Il faut absolument pousser le trait et demander à chacun de présenter son gouvernement en faisant une sorte de petit discours, pourquoi pas en avançant les arguments qui ont été décisifs pour choisir un ministre. « J’ai décidé de confier le ministère de l’Intérieur à Alain Delon, un acteur aussi convaincant en flic qu’en bandit, il connaît le métier à fond ! ».
L’avis de Lidael
Si j’étais Président est un petit jeu vraiment très drôle et il ne fait aucun doute que les auteurs se sont beaucoup amusés à concevoir ce petit bijou humoristique. Les amateurs de jeux d’ambiance, amusants, dynamiques et faciles à prendre en main comme les aficionados du dessin de Martin Viderg seront comblés. Cerise sur le gâteau, avec ses six petites variantes Si J’étais Président offre une re-jouabilité plus grande que Casse toi pov’con (on est un peu tenté de comparer, même si au final les deux jeux sont radicalement différents), bref c’était l’une des chouettes surprise du festival des jeux de Cannes. Ah, et je vote pour Jamel au ministère de l’Intérieur !