Krosmaster Arena
Auteur(s) : Tot, Jérôme Peschard
Illustrateur(s) : Murat Celebi, Nicolas Degouy
Éditeur : Ankama
Mécanisme(s) : affrontement, figurines, tactique
Thème : Médiéval fantastique, Dofus
Année : 2012
À partir de 12 ans – 2 à 4 joueurs
Durée de partie : env. 1h.
Comme il est mignon
En ouvrant la jolie boîte de Krosmaster Arena, apparaissent sous nos yeux ébahis huit petits personnages, sagement rangés. Ils sont bien colorés, très jolis, enfantins avec leurs grands yeux et leurs postures énergiques, tellement « cute ».
En fait en y regardant de plus près ces zozos sont tout de même assez bizarres, d’abord ils ont une très grosse tête, énorme, aussi grosse que le reste du corps. Malgré cela ils n’ont pas vraiment l’air d’intellectuels, ils portent des armes, des masques menaçants parfois. Quand on apprend leurs noms on commence vraiment à douter : « Anna Tommy », « Bad Aboum », « Opée Tissoin »…
Petites figurines à la Pokémon, taux de blague à deux balles explosé dès l’ouverture, on pourrait craindre le pire avant même d’avoir joué. En fait non, il s’agit d’un jeu très dynamique, avec des vilains gnomes dedans !
Krosmaster Arena : mécanismes de jeu
Jeu de plateau ou jeu de figurines ? Jeu à collectionner ou cartes de statistiques ? Krosmaster Arena est en fait un produit hybride, le genre de chose bien réfléchie, moultement optimisée dirait-on puisqu’il permet des combats de figurines à collectionner, le tout sur un plateau. Disons le tout de suite pour ne plus y revenir après, tant c’est l’évidence : le matos du jeu est exceptionnel. Plateau, décors, cartes, huit figurines colorées, des tas de pions, cela fait beaucoup alors que pour le même prix certains livrent royalement cinquante grammes de cubes en bois.
Les figurines demandent un peu de soin, sortez les de leur boîte en tirant sur le socle. Par ailleurs évitez de les laisser tomber de la table… nous on a testé et même créé un nouveau perso : l’archer Luk Ylook de Sleepy Hollow.
Le but du jeu est simple, chacun va avoir à gérer quelques personnages qui vont s’affronter dans une petite arène de combat. Il ne faut pas tuer tout le monde, déjà parce qu’un personnage est retiré du jeu dès qu’il est K.O., mais aussi parce que la victoire se compte en GG, les fameux Galons de Gloire (houlà), chaque perso éliminé coûte des galons à son possesseur et quand y’en a plus, c’est perdu.
Petite baston entre amis
À la base il s’agit d’un petit wargame tactique avec figurines. Les personnages évoluent sur une grille de cases, ils ont des points de mouvement, des points de vie et des points d’action pour activer leurs sorts et capacités diverses. La résolution des sorts, tirs et coups se fait aux dés.
Le système de jeu réussit le tour de force de combiner le principe d’attaques à distance, au contact, de différents types de magie et de résistances, tout en limitant tous les jets possibles à un ou deux dés alors que bon nombre de jeux demandent des tas de lancés ou le recours à des tables complexes.
Cette facilité n’est pas pour autant une simplification excessive. Les personnages sont typés et leurs forces sont autant de faiblesses. À part le coup de point de base quasiment inutile en général, il n’y a pas d’attaque standard donc chacun doit composer avec les forces et les contraintes de son personnage pour le faire agir… l’un des principes du jeu d’Échec, mine de rien. Certains personnages seront ainsi dévastateurs contre d’autres, mais placés dans d’autres circonstances ils pourront être minables.
Le jeu « complet » est assez touffu puisqu’il permet de récolter de l’argent pour acheter des boosts en cours de partie, de répartir des bonus temporaires à chaque tour et qu’il y a un système d’initiative pour définir l’ordre du tour, par ailleurs certaines capacités et sorts affectent les cases selon des schémas. Lire tout d’un coup pour jouer serait assez indigeste, notamment pour un jeu ciblant les jeunes adolescents.
Et là ils ont fait fort
L’équipe d’Ankama a réussi à intégrer un didacticiel tout à fait exceptionnel au manuel de règles. Il s’agit d’apprendre petit à petit les règles en faisant de multiples petites parties en solo ou à deux. La seconde double-page du manuel est déjà une partie et la page du bouquin va même servir de plateau de jeu. On commence avec le Roi des Bouftous et la Reine des Tofus qui se courent après pour se coller des pains !
Pendant six petits scénarii les joueurs vont trouver un plateau de jeu nouveau à chaque double-page et apprendre ainsi à lancer des sorts, utiliser des familiers, combiner les capacités de plusieurs personnages. Au septième scénario on peut sortir le grand plateau de jeu et faire s’affronter les huit personnages de la boîte à pleine puissance. L’apprentissage du jeu est excellent, digne d’un bon didacticiel de jeu vidéo (ce qui n’est pas un hasard) et les joueurs sont accrochés. Si chacun des joueurs subit cette initiation il est à armes égales avec les autres et il connaît tous les personnages de la boîte de base. Pour un jeu d’affrontement (un contre un ou deux contre deux) il est important que l’apprentissage des règles soit le même pour tous.
Les Bouftabaffes volent bas
Chacun des personnages va avoir une valeur de niveau entre un et six. Les équipes qui s’affrontent devant être constituées de douze points de niveaux. Pour l’instant toutes les figurines de la boîte de base ont un niveau trois, les combat vont donc se faire avec quatre figurines de chaque côté. Certains combattants comme Guy Yomtella sont orientés vers le combat à distance, une fois rattrapés ils résistent peu. Le Roi des Bouftous au contraire est un teigneux, il envoie son mouton de combat et distribue généreusement les « Bouftabaffes » dès qu’il chope quelqu’un. Il y a bien sûr des soigneurs et des mages et de vaillants chevaliers cachés dans leur armure.
Un tacle ce n’est pas bon pour Anna Tommy
Un des systèmes intéressants est celui du tacle. Il s’agit de gérer les zones de contact entre cases, ce qui est toujours délicat. Première chose, les diagonales ne comptent pas. Les personnages se déplacent et sont au contact uniquement via les cases orthogonales. Pour aller à la diagonale une ligne de tir/sort prendra deux cases. Il reste donc quatre cases de contact possible. Un personnage adjacent peut tenter de bouger pour quitter la proximité de son adversaire mais la réussite n’est pas assurée car l’autre peut tenter un jet de dé pour le tacler. Si ce tacle est réussi le personnage peut néanmoins tenter d’esquiver le tacle pour réussir tout de même son déplacement. Bien sûr certains sont doués en tacle, d’autres en esquive, d’autres encore se contentent des valeurs de base. Le tout offre de réelles possibilités de tactiques basées sur les déplacements qui ne sont pas figés une fois les figurines au contact.
Tactiques et coups foireux
Dans Krosmaster Arena toute bonne tactique cache forcément un coup foireux, le tout est d’éviter que le coup tactique de l’ennemi ne fasse tout foirer. Bien entendu il y a toujours des choses que l’on n’a pas vu venir. De manière classique il faut utiliser les déplacements pour réussir à frapper et à se mettre hors de portée durant le tour adverse, par exemple en se planquant derrière un arbre.
Les Krosmasters malins grimpent sur des caisses pour voir plus loin, d’autres voient encore plus loin et entassent les kamas (des pièces) pour acheter des récompenses, sorts et objets dont certains sont vraiment très puissants. Réussir à mettre K.O. un gusse c’est bien mais il ne faut pas oublier la suite de la partie car c’est en général une différence de cinq ou six points qui compte au final. Par ailleurs la partie ne peut pas vraiment s’éterniser et dégénérer en guerre de tranchées : un système aléatoire pique de temps en temps des GG aux deux adversaires…
Côté tactique de Sioux il faut noter qu’Ankama sait aussi ruser. Le jeu est livré avec huit figurines mais il en comporte beaucoup plus. Il va donc falloir retourner voir son marchand préféré pour en acheter d’autres. Pour environ cinq euros la petite boiboîte contient une figurine, sa carte et une feuille qui propose une petite carte de jeu réduite, à pratiquer en solo, en association à deux ou en duel classique. Le prix est au final très correct pour ce que la boîte contient et apporte au jeu.
Par contre il s’agit d’une blind box, pas moyen de savoir quel personnage s’y cache avant de l’avoir ouverte. La série comporte 32 figurines, ce qui représente un budget et pas mal de possibilités de doublons. Les avoir tous n’est certes pas indispensable mais c’est aussi là que l’aspect collection du jeu est présent. Certaines figurines peuvent se jouer en double, d’autres non. Il est toujours possible de mettre un doublon dans l’équipe adverse ceci dit.
Tout cela oriente logiquement vers un système d’échange entre joueurs, au niveau local ou plus largement grâce à Internet. Là attention car certaines figurines peuvent être plus recherchées et des petits malins spéculent là-dessus. Ankama a aussi distribué une série de figurines exclusives dans les restaurants Flunch, qui du coup sont plus rares. Bref, à chacun de voir la valeur d’une figurine et à savoir raison garder avant d’acheter une seule figurine au prix du jeu tout entier.
MaJ : janvier 2014
En 2014 est sorti un pack de six figurines initialement diffusées en 2012 à l’unité, via un partenariat avec une chaîne de restauration. Ces figurines étaient donc plus rares, les séries souvent incomplètes… et les prix d’échange un peu délirants. La possibilité d’acheter le lot à prix normal va donc intéresser plus d’un joueur. Comme d’habitude la boîte des figurines comporte le code pour les activer sur le jeu vidéo. La Confrérie du Tofu comporte six personnages : Yugo, Amalia, Evangelyne, Tristepin, Ruel et Nox. Pour ceux qui n’ont jamais trop acheté de figurines en plus de la boîte de base, voilà une bonne occasion d’augmenter sérieusement le nombre de personnages.
Mon plateau online par Drazz
Pour parfaire vos techniques d’attaque ou vos coups sournois, vous pouvez aussi rejoindre le jeu en ligne, directement sur le site Krosmaster ou via les jeux en ligne Dofus et Wakfu d’Ankama. Le jeu est fluide, la communauté bien présente pour apporter de l’aide ou des astuces utiles. La boîte de jeu et les blind box contiennent des codes d’activation à utiliser dans le jeu online pour activer vos personnages. Il est aussi possible d’obtenir des personnages Krosmaster comme récompenses ingame dans Wakfu et Dofus ce qui bien sûr incite à pratiquer les différents jeux.
Krosmaster Arena online respecte les mécaniques du jeu de plateau avec un gameplay un peu différent, les parties sont souvent très rapides (environ 5-10 minutes) et très équilibrées. Le tour de chaque personnage est minuté, il faut savoir agir rapidement alors que le jeu sur plateau incite plus à la réflexion. Certaines actions des personnages sont illustrées par des animations plein écran plutôt réussies.
Il y a bien sûr un classement, reste à savoir si le jeu online est un bon moyen de s’entrainer pour la version plateau, ou l’inverse ! http://www.krosmaster.com/fr
L’avis de Globul
Ok les figurines sont vraiment très chouettes mais bon les trucs kawaï et autres Pokémon ce n’est pas mon truc c’est tout. Après avoir ouvert la boîte et surtout le livre de règles j’ai entendu comme un petit bruit, celui des préjugés qui cassent comme du verre.
Parce que là ce n’étaient plus des avortons de plastique mais des guerriers Kromaster, Oscar Nak le perfide avec son capuchon, la Reine avec les zozios débiles et Kréol le virtuose de la sarbacane… et tout cela dans un système de baston efficace et fluide.
Alors oui franchement c’est du bon, même si le système de blind box est un peu limite j’aurais du mal à en vouloir à des gars qui ont créé une Krosmaster nommée Globule la Crapule !
L’avis de Lidael
Dans la tribu du Gobelin, il y a deux aspects des jeux de société auxquels nous sommes particulièrement sensibles (je passe sur une mécanique de jeu qui tourne bien, c’est une évidence), d’une part la qualité du matériel et d’autre part la profondeur du background et avec Krosmaster Arena… Whouahou. Je me souviens de la découverte du proto au FIJ de Cannes 2012, j’avais trouvé ça beau mais le principe de blind box assez discutable. Ce que je ne savais pas encore, c’est qu’Ankama ne va pas s’arrêter à ce petit jeu d’escarmouche mais à prévu d’autres jeux (au moins deux autres a priori) et toutes les figurines pourront être utilisées d’un jeu à l’autre, tout sera compatible, si on ajoute à ça, les jeux vidéo, les mangas, les anime et j’en oublie probablement, on a affaire ici à du mega cross-media, impressionnant. Rapide, tactique, super sympa à manipuler, il mérite le détour.