La vallée des mammouths
Auteur(s) : Bruno Faidutti
Illustrateur (s) : Gérard Mathieu
Éditions : Jeux Descartes
Genre : jeu de plateau
Mécanisme (s) : affrontement, conquête
Thème : préhistoire
Année : 2001
À partir de 12 ans
3 à 6 joueurs
Durée d’une partie : environ 1h30 min
Indicateur de prix : environ 35 euros
Magnons-nous, ils ont les crocs
La vallée des Mammouths raconte l’histoire des mecs qui étaient là avant l’histoire, en ce sens déjà c’est fort. À l’époque il y avait bien sûr des artistes (allez voir Lascaux II, le retour), des top modèles (Lucy in the skaï) mais la plupart des humains, à peine descendus de l’arbre, ne cherchaient qu’une chose : à bouffer !
La vallée vous propose de mener votre peuple d’homos sapiens vers la prospérité. À cette époque avoir un pauvre camp avec deux huttes et une palissade était considéré comme déjà rudement bien. Vous visez carrément mieux : régner sur quatre camps !
Soyons clairs, si à 20 ans t’as pas ton Tyrex, sûr Rahan, t’es un primate.
La vallée des mammouths : mécanismes de jeu
Du classique jeu de plateau avec un plateau, des pions et des cartes.
Le plateau représente un coin de la planète terre, il y a même des endroits bucoliques comme les plaines et les forêts. Des montagnes escarpées, des rivières et des lacs et même la montagne qui crache le feu, argh.
Les joueurs (de 3 à 6) installent leurs pions de départ sur ce plateau. Chacun a sa couleur, un camp, deux femmes et cinq guerriers. Et voilà, l’histoire est en marche, vous êtes prêts ? Plus précisément à l’époque le temps c’est la saison, et en gros il y en a deux : l’hiver et l’autre.
Vos petits gars vont se disperser dans les environs du camp avec deux objectifs : chasser et conquérir des territoires riches en nourriture. Les bois permettent la cueillette, les plaines donnent la possibilité de semer des trucs pour les récolter plus tard (si un mammouth n’a pas labouré le champ et s’il n’a pas cramé et si le voisin ne l’a pas annexé…).
L’eau c’est bien, il y a des poissons dedans. Mais la vraie nourriture de l’homme by Derthal, c’est la viande rouge, sur pied. Le souci c’est que la viande rouge se défend pied-à-pied et a tendance à aimer aussi la chair humaine. Le loup, le tigre, l’ours ça va un temps mais le mieux c’est quand même le rhino et surtout le mammouth parce qu’il nourrit toute la tribu. Un chasseur éventré par un bison, bon, c’est aussi une bouche de moins à nourrir.
Ils sont croc mignons
Manger, éviter d’être mangé c’est une chose. Mais avec l’homme vient l’idée saugrenue de la croissance. Il faut développer sa civilisation, même chez les sauvages. Deux manières de faire : avec ses propres femmes ou avec celles des voisins !
Un homme et une femme laissés seuls sur la même case pendant un tour fondent un camp et deux fois par an (sic) la femme accouche, d’un guerrier ou d’une nouvelle femme… ou de jumeaux !
Sinon pour accroître sa population, il est aussi d’usage de rapter les femmes de l’ennemi, qui deviennent femmes de la tribu dès qu’un guerrier les aborde. Bon, il y a quelques fortes têtes qui tabassent comme des hommes, vous êtes prévenus. On inventera bien plus tard la morale, l’inceste, le romantisme et tous ces trucs compliqués.
Tout paraît simple, on chasse, on pêche, on rapte, on sème tendrement. Oui mais entre guerriers de tribus adverses, on se tabasse aussi. Personne n’a dit que les quatre camps doivent avoir été construits par vous, il est aussi possible de piquer ceux des autres.
La moumoute c’est top
Vos zozos et vos zozottes ont réussi tant bien que mal à trouver autant de nourriture qu’ils en mangent, voire même à faire des trucs de folie comme tuer un ours ou chiper un camp ennemi. C’est sans compter les facéties de la nature, sous la forme de cartes évènements. Alors, cet été d’habitude profitable se transforme en sécheresse et crac plus de cueillette. Et puis la forêt grille et vos gars avec. Ou encore c’est le volcan qui se réveille et avale le bison que vous pourchassiez avec grand appétit.
Enfantillages… le pire n’est pas un hasard, c’est l’hiver. La moitié du temps il caille. Et là les animaux se font rares, la cueillette c’est mort, si la rivière gèle la pêche c’est mort aussi. Et pour tous ceux qui n’ont pas à manger, c’est vraiment mort. Il y a donc des choix terribles à faire : qui va survivre, qui va geler. La tribu pléthorique c’est bien l’été pour rouler des mécaniques dans les bois, mais l’hiver c’est le garde-manger qui compte. D’autant plus qu’il y a aussi des évènements l’hiver, des avalanches par exemple.
Tactiques et coups foireux
Bon, somme toute c’est un jeu de gestion, de placement et d’exploration, avec une dose de tactique. Il faut se développer et amasser de la nourriture en rapport avec les besoins liés à ce développement démographique. Savoir se placer sur la carte permet de gérer au mieux ses chances selon ce que font vos voisins, selon les lieux intéressants (champs, rivières) et les lieux risqués (volcans).
Mais il y a aussi les cartes que les joueurs tirent et qui pimentent le tout. Elles sont très variées et dotées, comme le jeu, d’illustrations marrantes de Gérard Mathieu (Cash & guns et plein d’autres choses).
Il y a les malins qui ont inventé les raquettes à neige pour se balader plus vite l’hiver, celui qui a un appeau et attire vers lui le gibier, le gars qui fout le feu à une case de forêt, le précurseur qui va créer un pont sur la rivière (inouï), etc. De quoi mettre le bazar dans la stratégie de l’adversaire.
L’avis de Globul
La Guerre du feu à la maison, pour les longues soirées d’hiver. Certes ce jeu est ancien, point de grand génie dans les mécanismes de jeu, mais il a une ambiance particulièrement attachante. On se sent responsable de son petit bout d’humanité luttant contre l’adversité, les loups et contre leur propre appétit. C’est toujours un cruel déchirement de zigouiller un morfale hivernal.
La lecture des cartes est en soi un amusement puisque c’est l’occasion de préparer ses mauvais coups futurs. Bon, il faut avouer que l’on se marre aussi de ce qui nous accable.
L’avis de Lidael
Le charme (et l’odeur) de la peau de bête, la vie au rythme des saisons et au grand air, la lutte (bestiale) pour la survie de l’espèce… La vallée des mammouths nous fait plonger avec plaisir (et humour) dans la préhistoire et c’est une vraie bouffée d’air frais au milieu de la pléthore de jeux medfan, post-apo, SF, etc. Au-delà d’une mécanique bien rodée (le jeu tourne bien : simple et efficace), les illustrations et le ton décalé des cartes apportent un vrai plus. Bref, La vallée des mammouths c’est un classique du genre, sympa à faire découvrir à des “non-joueurs” et qui garantit de bonnes rigolades.