Regatta
Auteur(s) : Emmanuel Fille, Martine Moisand
Illustrateur : nc
Éditions : Gigamic
Mécanisme(s) : placement
Thème : mer
Année : 2010
À partir de 5 ans – 2 à 4 joueurs
Durée de partie : env. 20 min.
On est mal barrés
Le sifflement du vent dans les mâts, le clapot rageur qui ballote les coques colorées et par-dessus tout le bruit infernal des voiles qui faseyent en attendant le coup de canon du départ. Quatre longues carènes sont lancées et bondissent de vague en vague pour se mesurer sur l’épreuve basique mais ô combien sélective de la régate entre trois bouées. Comme son nom l’indique Regatta demande aux bateaux d’évoluer tous sur le même parcours délimité par… quatre bouées. Les marins sont facétieux et l’on dit que leurs répliques, rares au demeurant, ne manquent jamais de sel.
Regatta : mécanismes de jeu
Les deux premières bouées sont blanches et délimitent un trait qui sera non seulement la ligne de départ, mais aussi celle d’arrivée. Le mystère est résolue, l’une des bouées était donc double !
Doubler, dans une course c’est courant et même fort recherché. Le but de chacun des skippers va être de doubler, mais pas ses concurrents. Sur l’eau on ne double pas vraiment un autre bateau, on « passe » un adversaire plutôt. Par contre on double des éléments fixes, des rochers, des caps et des bouées !
Le but du jeu est donc de franchir la ligne de départ, de foncer vers la bouée rouge, celle de gauche (bâbord !), puis de doubler l’autre bouée, la verte, avant de revenir dare-dare vers la ligne de départ, qui sera devenue ligne d’arrivée. Le premier arrivé à gagné, les autres sont des nazes, pis c’est tout.
Les rouges vont toujours plus vite
Pour y parvenir chacun reçoit un petit bateau en bois (rouge, vert, jaune, bleu) et cinq cartes. Bien sûr le bateau rouge va plus vite, c’est connu. Les cartes vont servir de sillage au bateau, à ceci près qu’on les place devant lui. Le placement est précis, il s’agit de mettre la carte pile devant le bateau et de lui faire suivre le tracé de la flèche qui est sur la carte, puis de le poser juste à la sortie de la carte.
Il existe différent type de cartes, certaines virent sur un bord, d’autres vont à peu près droit, certaines proposent plusieurs sorties possibles. Quelle que soit la carte jouée, il ne faut toucher ni bouée ni adversaire. Comme des petits malins y avaient pensé, il est interdit de faire de l’obstruction en plaçant sa coquille de noix devant celle du voisin.
Fortunes de mer
Il arrive par contre diverses aventures et mésaventures à nos hardis navigateurs, certaines cartes spéciales sont en effet glissées dans le paquet. En bas de certaines cartes de déplacement est apposé un petit symbole, parfois une barre à roue, parfois un petit nuage.
Le petit nuage signifie que le vent adonne, ce qui comme quand on parle de jeux vidéo, signifie qu’on va en avoir plus : la carte posée peut être utilisée deux fois de suite. La barre à roue est le signe qui distingue les vrais barreurs, les pros de la régate, les moustachus, les magiciens de l’écume : leur maestria est telle qu’ils peuvent se permettre de poser illico une seconde carte de déplacement, devant leurs adversaires médusés (hé oui la méduse est plutôt du genre à stagner dans l’eau).
Tactiques et coups foireux
La durée de la régate est déterminée par la distance à parcourir. Il est donc facile de calibrer l’épreuve en mettant plus ou moins loin les bouées. Par ailleurs pour se placer efficacement il faut savoir se dégager de la meute, au besoin en prenant un cap assez éloigné de la bouée rouge à atteindre en premier.
Rester coincé aux abords de la bouée est un vrai risque, il suffit de n’avoir pas la bonne carte pour virer et voilà qu’on se retrouve bêtement obligé de s’éloigner sur un mauvais cap. C’est le moment de défausser quelques cartes comme la règle l’autorise. Au pire si l’on ne peut rien faire, si la manœuvre prévue est gênée par les autres, le voilier se retrouve « en panne », il ne bougera pas à ce tour.
Quand on est bien dégagé des autres, qu’on leur a mis quelques encablures dans le museau, il est tout à fait opportun d’en achever un en jouant après son déplacement une carte soleil, qui va l’obliger à passer son tour et regarder les autres le laisser dans leur sillage. Cette carte permet aussi de calmer un adversaire un peu trop rapide ou de coiffer sur la ligne d’arrivée le gars qui se voyait déjà vainqueur.
Selon les courses il arrive que les voiliers soient très éloignés ou au contraire se suivent les uns les autres, du coup ils se gênent, le placement des cartes devient plus dur. Comme dans les vrais régates c’est le moment d’exprimer son mécontentement, de faire preuve de mauvaise foi, de se plaindre avant d’avoir mal… En surjouant un peu le truc on découvre un second degré de bon aloi dans ce jeu de loups de mer ou les petits loulous ont toutes leurs chances de gagner.
Parfois les joueurs s’énervent du fait que les bateaux ne tiennent pas bien droit, voire tombent sur le côté si l’on s’y prend mal. C’est tout simplement parce que leur coque est biseautée, ainsi ils s’inclinent toujours d’un côté, en bref ils gîtent exactement comme des voiliers prenant le vent d’une amure puis d’une autre. Les incapables qui font chavirer leur bateau en pleine régate devraient déjà s’estimer heureux de pouvoir rester en course sans autre pénalité !
Écouter le podcast réalisé à Cannes avec Emmanuel Fille.
L’avis de Globul
Un petit jeu qui sent bon les vacances, la mer et les bateaux. De jolis petits bateaux qui prennent vie et tirent des bords sur la table de la salle à manger ou sur le sol. Bien sûr le jeu est simple, il est possible de le partager avec de jeunes enfants, il faudra ruser pour dépasser le côté jouet et faire respecter les règles de la régate. Par ailleurs les bateaux devront être traités avec un minimum d’égards pour éviter de finir sans voiles ou démâtés.
Pour ceux qui veulent plus de complexité dans les règles de jeu et plus de compétition, le site http://www.lapetiteregate.fr propose des règles avancées. Il est même possible d’ajouter quelques pirates histoire de pimenter l’aventure. Bref, des bateaux, des pirates… si je vous dis que je n’ai pas aimé Regatta je vais avoir le nez plus long que la bôme du bateau.
bonne idée de reparler de ce jeu. Allez hop, pour les vacances à l’EDJ on le ressort de l’armoire où il était resté dormir trop longtemps !
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