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Essen 2014 : c’est parti !

 

Tous les jours, je tâcherai de vous parler des petites et des grandes choses que j’aurai pu dénicher, essayer, apprécier…

 

Pas n’importe quels jeux môssieur

Tout de suite, une petite mise au point : je ne vous parlerai pas des jeux que vous trouverez la semaine prochaine (ou les suivantes) dans votre boutique préférée – donc exit Historia, même si je le tiens en haute estime…). Je ne parlerai pas non plus des X extensions les plus attendues du moment (Babel, Le Voyage du Beagle, etc …). Pour moi, Essen ne sert pas à ça : pourquoi faire 600/800 km pour essayer un jeu quinze jours avant sa sortie ? Je vous parlerai plutôt des sorties des petits éditeurs inconnus, incongrus des fois aussi !

Mes critères : Plus de 1000 jeux présentés cette année, plus de 300 éditeurs… même en éliminant les blockbusters, il serait illusoire d’essayer d’être exhaustif. Alors, je vais avoir une réaction très humaine : l’esthétique fera que je m’arrêterai ou non sur un jeu ! Je ne parle pas de « beauté » (toute relative) mais de parti-pris graphique assumés. Mes autres critères sont très simples : l’originalité et l’intérêt des règles -marre des énièmes jeux d’observation, de pose d’ouvriers (là, j’exagère car j’adore ça …) de placement de tuile etc…

Par contre, je m’efforcerai de faire à chaque fois le « grand écart » : des jeux tellement bêtes (comme choux ?), tellement simples qu’ils en deviennent… c’est un peu l’essence du jeu, je crois. Et des gros jeux qui tapent, trapus, trente pages de règles et tout le toutim ! (Là, pour trouver la perle originale, mais bon, l’espoir fait vivre…).

Aller, trêve de bavardage. En voiture ! Aujourd’hui, c’était la journée presse. Ça commence par une conférence en teuton dans une salle qui sent le café et le rollmops ! Donc, on fuit dans le hall et il faut patienter. Il y a quelques jeux exposés, on commence à discuter avec les auteurs/éditeurs et là, on se dit que c’est pas demain la veille qu’on trouvera CE gros jeu qui tape, trapu  on est plutôt dans le jeu « bête » comme ses pieds.

 

Où Woobs joue comme un pied

Pedibus ! Le propos est alléchant, de prime abord (même s’il me faut faire une entorse à mon premier critère (c’est moche comme mes pieds, aussi!) : manipuler des pièces en bois avec ses orteils en réalisant des challenges dans un temps imparti. Et puis, on réfléchit… le jeu, même s’il nous fait joyeusement régresser ne doit-il pas transcender notre nature humaine ? Je garde de bons souvenirs de Cro Magnon (chez Bioviva) par exemple, mais là… même si de nombreux économistes/écologistes/scientifiques nous promettent des lendemains qui déchantent, voir un retour à l’âge de pierre, nous faudra-t-il être agiles de nos orteils vu qu’il n’y aura plus d’arbres dans lesquels se réfugier ?

 

Pedibus

 

En fait, je suis en train de me poser ces questions existentielles passant en quelques images mentales des lionceaux qui jouent à l’homme singe tandis que l’auteur (Bee Swine) assis par terre, nu pied fait une démonstration plein d’enthousiasme.

Pourquoi vous parler de ce jeu (auto-édité, moche et tiré à 200 exemplaires) ? Et bien parce qu’il est vraiment original et qu’il pose question ! Après tout, on se coince bien des œufs en caoutchouc sous le menton avec la Danse des œufs. Alors pourquoi pas un jeu d’adresse dans lequel on joue comme un pied : ce jeu est encore un prototype et j’ai envie d’encourager l’auteur à trouver le petit truc qui en fera un jeu d’exception (M. Swine, vous avez encore du travail, mais courage !).

Ah… ça y est, la conférence est finie, les portes du show room s’ouvrent et c’est la cohue.

L’esprit encore occupé par les pouces opposables et leurs possibilités, l’éditeur Zoch me fait un pied de nez avec Flying Socks.

 

flying sox

 

Ce jeu est l’antithèse du précédent. D’abord parce qu’il est vraiment joli, et puis parce qu’il y est question de chaussettes bien sûr mais qu’en plus, on doit les jeter avec la main (à la manière d’une fronde). C’est un party game avec un matériel original (quatre jolies chaussettes bariolées, avec deux boites, vous aurez les paires et il y a matière à faire sensation au bureau, voir dans les cocktails).

Là encore, le jeu est bête : les joueurs, qui ont chacun une chaussette un poil lestée, partent d’un bout de la pièce/du jardin/de l’espace défini alors que la boite ouverte est à l’autre bout. Ensuite, c’est une sorte de golf avec des frondes. On lance sa chaussette (tous en même temps) et on recommence de là où elle a atterri jusqu’à ce qu’un joueur arrive à la lancer dans la boite. Il marque alors zéro points. Les autres joueurs marqueront autant de coups qu’il leur a fallu de lancers pour, à leur tour, atteindre la boite. Le but étant bien sûr d’avoir le moins de points possibles. Sur le coup, ça me laisse dubitatif, mais, je n’ai pas le temps de me faire mentalement toute l’histoire de la chaussette et de sa probable invention en Syrie que je me vois jouer aux Chaussettes Volantes avec mon neveu (5 ans) et que je l’imagine bien se marrer. Donc : « Go socks ! Fly ! »

Aller, un dernier jeu stupide

Oui mais, là, c’est le haut du panier, un truc de dingue qui rend marteau et qui est loin d’être c… comme une pointe : Castle Crush, un jeu chinois de Tsai Huei-Chiang chez Soso Studio.

 

castle crush

 

J’avais repéré ce jeu du BGG, mais c’est typiquement le jeu à essayer pour en juger la réussite. Le principe, simple, est le suivant : d’abord le jeu est entièrement en bois. Chaque joueur, simultanément, sur une petite plaque située à une longueur de « marteau » d’un disque central, doit construire un château à l’aide de petites pièces de différentes grandeurs. Une fois les constructions finies, chacun des participants pourra abattre par deux fois le marteau sur les édifices adverses. À la suite de ces assauts, chacun marquera des points en fonction du nombre et de la hauteur des pièces encore debout sur sa place forte (plus les pièces sont empilées plus elles rapportent). À première vue, on peut difficilement faire plus débile ! Mais, le choix des formes, des dimensions des pièces, de la taille et du poids du maillet font de ce jeu une expérience assez subtile. On est loin du jeu de massacre et du chamboule tout. Et sans le lancer, juste en le lâchant, on s’efforcera de réaliser des attaques latérales, ou de viser l’angle d’un toit, etc.

Ce jeu rempli tout les critères de ma sélection de jeux légers : des règles, un matériel et des principes simples avec une forme sobre et élégante.

Mais qu’en est-il des gros jeux ? Visiblement, ce n’est pas le bon jour. Par exemple, en m’approchant du mastodonte Cthulhu Wars, je constate que le livret des règles est un fac-similé vierge et que l’exposant n’est pas en mesure de l’expliquer.

 

Cthulhu war

 

Et puis, magie d’Essen, on tombe aussi sur des trucs comme Mahardika (Comment , t’as pas fait Indonésien en seconde langue ?!!!). Qu’est-ce donc ? Et bien, si vous le savez, dîtes le moi parce que c’est un jeu indonésien, sur l’indépendance de l’Indonésie (je crois …) en Indonésien et et c’est tout ! Personne aux alentours.

 

mahardika

 

Je me replie alors sur les jeux abstraits, même si c’est moins mon truc. Je trouve le très intéressant Tricky Way de chez Cuburo (des problèmes de tuyauterie). Il y est question de parcours labyrinthique et de bille. C’est malin, mais, c’est cher ! 70 € quand même. Vous me direz : «  c’est moins cher que Zombicide ! ». C’est vrai, mais pas sûr que Zombicide ait connu le succès si les figurines de zombies avaient été de simples billes. Ceci dit, si vous aimez vous casser la tête et si casser votre tirelire ne vous pose pas de problème, Tricky way vaut le détour.

 

tricky way

 

À demain.